Mais ne nous méprenons pas, si le train bleu des French B sent le peuple et la pluie, il n’en est pas moins riche.
Le train bleu est la seule pièce de French B écrite paroles et musique par Liver (Jean-Robert Bisaillon). Elle ferme l’album s/t de 1991 qui fera l’objet d’une réédition vinyle à l’automne 2021. 30 ans plus tard… Il y a eu d’autres trains bleus. On pense à l’Orient Express, parfois rebaptisé ainsi, mais il s’agissait plutôt du Calais-Méditerranée-Express, le train emprunté par les anglais friqués pour fréquenter la Côte d’Azur. Il existe aussi le chic restaurant de la gare de Lyon à Paris, ou encore la très belle chanson de 1997 de Jean-Louis Murat, postérieure au train bleu de French B. À ces manifestations de grande classe autour du train bleu, nous proposons celle d’un modeste train bleu du quotidien, celui du Métro de Montréal.
Mais ne nous méprenons pas, si le train bleu des French B sent le peuple et la pluie, il n’en est pas moins riche. Il est la vie avec ses beautés et contradictions. En ce qui concerne la musique, la chanson rompt avec l’électro-rock en proposant une signature rythmique décalée en ¾… Un valse pour un groupe corrosif. Plusieurs sonorités, incluant celles du beat-box et l’orgue qui joue le solo de la fin sont en fait des sons repiqués par échantillonnage dans le Métro de Montréal. Bisaillon avait envisagé mettre sur pied un projet en danse contemporaine dans le Métro quelques années auparavant et les sons créés pour ce projet, qui n’a pas vu le jour, ont été récupérés pour Le train bleu.
Le train bleu
Je marche dans les veines de ma ville
l’air est rare
Je croise plein de visages
si vides de regards…
Le train bleu s’arrache au sol
et nous sommes emportés
Jeunes et vieux un peu perdus
perdus entre les deux…
J’ai jamais vu plus belle valse
de corps collés, de corps serrés
Nos vêtements mouillés sentent la sueur, la laine…
s’entremêlent nos cheveux, nos haleines…
Le train bleu s’arrache au sol
et poursuit sa valse folle
De coups de freins, de départs secs
vers l’appartement vide qui m’attend…
Je ne suis qu’une tête dans le troupeau
bien accroché à mon poteau
Je fixe la fille devant moi…
Elle ne me parlera pas
Le train bleu s’arrache au sol
Et nous sommes emportés
Esclaves et amoureux
Perdus entre les deux…